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Actualités de Guinée. Nouvelle République de Guinée, www.nrgui.fr

Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection, mais la culture de la probité
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) semble voir en l’organisation d’une élection présidentielle la solution aux putschs dans sa zone. Les autorités maliennes, en se refusant de se conformer à cette exigence dans un bref délais, subissent même les sanctions de l’organisation sous-régionale. Et pourtant, seule la probité peut préserver les États de la sous-région des coups d’États, en considérant simplement leurs causes.

Sièges devant des drapeaux
Le remède aux putschs ce n’est pas l’organisation d’une élection, mais la culture de la probité
Des élections frauduleuses avec la complicité des conseils constitutionnels corrompus
Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection, parce qu’il y a des élections frauduleuses. C’est le cas en Côte d’Ivoire, avec l’élection illégale du chef de l’État actuel à un troisième mandat alors que la Constitution limite les mandats à deux. Les propres partisans de ce dernier clamaient, réaffirmait et confirmaient même la limite des mandats à deux à une époque pour prouver la grande probité (sic) de leur mentor et montrer aux électeurs que cette modification n’était pas motivée par de bas desseins.

La fraude aux élections se réalise avec la complicité des conseils constitutionnels inféodés au pouvoir. L’institution judiciaire chargée d’approuver les candidatures à la présidence, viole non seulement les constitutions en validant des candidats sortants illégaux, mais elle choisit aussi les antagonistes selon la volonté du régime. C’est le cas encore en Côte d’Ivoire ; et dans une certaine mesure au Bénin (où juste avant les élections des affaires judiciaires ont subitement surgi contre les opposants les plus sérieux à M. Talon).

Les conseils constitutionnels s’illustrent tristement en validant aussi un procédé électorale litigieux, notamment le système de parrainage, en vogue ces dernières années dans la sous-région ouest-africaine. Il est contraire aux règles auxquelles les chefs d’États candidats à leur réélection ont accédé au pouvoir. Il filtre de plus les candidatures en offrant la possibilité aux régimes de les manipuler à leur guise, pour encore choisir leurs adversaires (les plus faibles évidemment). L’exemple du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Bénin aux dernières élections dans ces pays est très édifiant à ce sujet. La justice sénégalaise a même jugé illégal ce critère de validation de candidatures et a incité le pouvoir à le retirer du code électoral.

Les conseils constitutionnels sont au cœur des fraudes lors des élections en Afrique de l’ouest. C’est d’ailleurs la manipulation des résultats des législatives au Mali en 2020 au profit du pouvoir qui ont favorisé le coup d’État du 18 aout contre le régime du défunt président Ibrahim Boubakar Kéita (IBK), après les manifestations de protestation de l’opposition.

Des dynasties à la tête des États
Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection, parce qu’il y a des élections qui sont instrumentalisées pour maintenir des dynasties à la tête des États, États dits pourtant démocratiques. Les exemples du Togo et du Gabon en sont les illustrations. 55 ans de pouvoir respectivement pour les Yassingbé au Togo et les Bongo au Gabon. 38 ans de pouvoir pour le père et 17 ans actuellement pour le fils dans le premier ; 42 ans de pourvoir pour le géniteur et 13 ans présentement pour son rejeton dans le second. Les violences électorales récurrentes dans ces pays sont un indice des forfaitures pour faire de ces États des monarchies en toute impunité.

Des élections dévalorisées au profit d’impostures
Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection parce qu’il y a des élections qui sont dévalorisées pour mettre à la tête des États des imposteurs. C’est le cas en République Démocratique du Congo. Le perdant de l’élection de 2019 selon les observateurs et les résultats de l’Église catholique dans ce pays est pourtant celui qui est à la tête de l’État. Il s’en suit donc, comme en ce moment, des intrigues à n’en point finir pour conserver un pouvoir dont l’obtention était désespérée. C’est la porte ouverte à l’autoritarisme, aux manigances, aux arrestations et aux emprisonnements toujours dans le même objectif. C’est au aussi la boîte de pandore au putsch, pour mettre fin à l’imposture. Une tromperie pour mettre fin à une autre, comme si ce cycle infernal semble étrangement planifier.

Des régimes farfelus à la tête des États
Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection parce qu’il y a des élections qui maintiennent à la tête des États des régimes farfelus. Le défunt pouvoir de Condé en est l’illustration. Il fait voter une nouvelle Constitution, pour basculer dans une prétendue nouvelle République (comme par ailleurs en Côte d’Ivoire). Il peut ainsi briguer un troisième mandat illégal qui, pour l’occasion devient le premier mandat de cette République fantoche. Comme pour marquer le caractère fantasque de ce régime, la constitution qu’il promulgue est différente de celle qu’il a faite voter. La chute par putsch d’un tel pouvoir, n’est pas surprenant, il n’a eu qu’à récolter ce qu’il avait malicieusement semé.

Des élections cafouillées pour maintenir des relais de l’ancienne puissance coloniale à la tête des États
Le remède aux putschs, ce n’est pas l’organisation d’une élection parce qu’il y a des élections qui se passent dans un cafouillage total. Cela pour maintenir à la tête des États des relais de l’ancienne puissance coloniale, vraisemblablement les poulains de celle-ci.

Ce n’est pas un hasard que le chef de l’État français et son ministre des affaires étrangères ont été les avocats de M. Ouattara pour sa candidature à un troisième mandat illégal en 2020 en Côte d’Ivoire. Face au tollé, puis aux contestations, aux troubles, et aux morts d’hommes que cause cette candidature litigieuse, les dirigeants de l’ancienne métropole se font simplement passer pour des illettrés. Ils la justifient, sans se référer à la constitution que ce dernier a lui-même fait voter, par la mort de son dauphin au sein de son parti. C’est certains qu’avec, un souverainiste et progressiste au pouvoir, par exemple Mamadou Koulibaly, le franc CFA, monnaie coloniale, contestée par les nouvelles générations parce que maintenant dans le sous-développement, arrimée à l’Euro, et dans laquelle l’ancienne puissance coloniale, la France, continue de jouer un rôle, n’aurait jamais été réincarné dans l’ECO.

La nouvelle monnaie sous régionale était à l’origine censée remplacée le franc CFA tant contesté. Cela en vue de garantir un développement économique plus serein dans la zone. Et pourtant elle a été parasitée par l’union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui a pour locomotive les autorités ivoiriennes issues d’élections illégales. L’ECO n’est donc devenue qu’un autre franc CFA.

À retenir
Finalement, l’élection présidentielle sur ces différents aspects n’est pas une panacée contre les putschs en Afrique, et dans la sous-région ouest-africaine en particulier. Elle en est même la cause, en maintenant à la tête de certains pays des autorités frauduleuses, illégitimes, fantaisistes, archaïques, mensongères, corrompues, incapables et sanguinaires.

Et pourtant l’expérience prouve que la culture de la probité est une solution simple contre les putschs. Comme le montre les exemples états-uniens, européens, et plus proche de nous le Ghana, le Nigeria, ainsi que le Bénin à une certaine époque.

La bonne moralité, qui implique aussi de la responsabilité ou la capacité de pouvoir démissionner quand on est incapable de résoudre un problèmes, l’ancien chef d’État burkinabé fraîchement renversé à cause de son incapacité à trouver des solutions à l’insécurité causée par le terrorisme dans son pays, l’apprend à ses dépens…. La bonne moralité donc ne fait pas que préserver des putschs, elle est par-dessus tout une garantie de développement.

Cependant, ne soyons pas dupe, ce n’est pas demain la veille la promotion de la droiture en Afrique de l’ouest, pas en tout cas avec les acteurs politiques nationaux et internationaux actuels ; en signant la fin de dirigeants farfelus à la tête de certains États de la sous-région, la probité ne fait évidemment pas l’affaire de ces chefs et leurs partenaires occidentaux louches.

D’où certainement l’empressement à organiser des élections sans résoudre au préalable le réel problème : le manque d’attachement au devoir de la justice et de la moralité.

La question de fond est donc de savoir si 60 ans après les indépendances, les institutions politiques actuelles en Afrique, qui sont des copiées-collées de celles de l’Occident, donc facilement manipulables par certaines mains obscures, sont adaptées aux réalités sociétales ainsi qu’aux cultures et modes de vie des Africains.

En sommes, vue l’échec des États, n’est-il pas temps que l’Afrique s’approprie ses institutions en fonction de ses réalités sociétales (sa diversité notamment) et de ses cultures, plutôt que d’en faire, d’une façon ou d’une autre, un relais sournois des anciennes puissances coloniales chez elle ?

Et ce n’est pas la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) par exemple qui pourra porter ce projet de renaissance africaine dans la sous-région, puisqu’elle est d’abord fondée sur des intérêts économiques, elle est ensuite fracturée en son sein par la divergence des visions parce qu’infestée de dirigeants illégitimes, ou au moins hypocrites.

source : Mondoblog RFI

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