lLe 1ᵉʳ décembre 1944 est une date sanglante pour le peuple sénégalais, d’autres anciennes colonies françaises ont tout aussi leurs dates sanglantes à l’instar du Cameroun, de l’Algérie, de Madagascar, etc. Tous ces pays déplorent l’impunité de la France et le silence des grandes instances juridiques Internationales. Le “Tribunal Pénal International des Crimes Coloniaux (TPICC)” serait fondé sur la base de l’article sept de la Déclaration universelle des droits de l’homme, pour ne citer que celui-ci là. Je vous explique ce que ce tribunal changerait dans ce “Point Final très très conventionnel. (Générique !
)

Thiaroye et les silences complices : une mémoire occultée
Le massacre de Thiaroye, survenu le 1ᵉʳ décembre 1944, est bien plus qu’une tragédie isolée. C’est le symbole d’un système colonial violent, d’un mépris institutionnalisé envers les peuples africains, et d’un silence pesant des grandes institutions internationales et nationales. Si la répression sanglante de Thiaroye choque par son injustice, elle n’est qu’un chapitre d’une histoire plus vaste de répressions meurtrières orchestrées par la France en Afrique subsaharienne. Du Cameroun au Sénégal, en passant par Madagascar, ou encore l’Algérie, ces tragédies restent enfouies dans un mutisme qui interroge.
Thiaroye, un contentieux historique parmi d’autres
Thiaroye fut le théâtre d’une exécution sommaire de tirailleurs sénégalais demandant leurs soldes légitimement dues après avoir combattu pour la France. Mais ce n’est pas un cas isolé. Au Cameroun, entre les années 1950 et 1970, la répression des militants indépendantistes de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) fut d’une brutalité inouïe. Des figures comme Ruben Um Nyobé, Félix Moumié, et Osende Afana furent traquées, assassinées ou exécutées. Le gouvernement français, sous couvert de lutte contre des « insurgés », mena des campagnes de répression qui firent des milliers de morts, incluant des villages rasés et des populations civiles massacrées. Ces événements, que l’historien camerounais Achille Mbembe qualifie de génocide politique dans le chapitre de son essai Critique de la raison nègre, restent largement absents des récits historiques officiels en France.
En parallèle, les répressions en Algérie, à Madagascar (1947), ne font qu’illustrer la mécanique brutale du maintien colonial. Ces épisodes interrogent la mémoire collective et l’incapacité de la France à assumer pleinement ses responsabilités historiques.
Silence complice des institutions internationales
Face à ces drames, le silence des grandes organisations internationales est assourdissant. Les Nations Unies, ou encore la Cour Pénale Internationale (CPI) pourtant garantes des principes de justice et des droits humains, n’ont jamais exigé de la France une reconnaissance claire ou des réparations. De même, l’Union européenne, malgré son engagement pour les valeurs démocratiques, est restée muette face à ces pages sombres de l’histoire coloniale.
L’Union africaine, institution censée défendre les intérêts du continent, n’a jamais réussi à obtenir un consensus pour exiger des excuses officielles ou des réparations de la part de la France. Ce silence trahit souvent une dépendance économique ou diplomatique vis-à-vis de l’ancien colonisateur. Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique: « L’Union africaine devra surmonter un manque de volonté politique et relever des défis structurels afin de réagir efficacement aux crises de sécurité sur le continent, conformément à sa mission fondatrice.”
Lire aussi : Massacre de Thiaroye: le comité de commémoration réclame «la vérité et toute la vérité»
Une mémoire fragmentée et une responsabilité esquivée
Les gestes symboliques, tels que les reconnaissances partielles par François Hollande ou Emmanuel Macron, sont jugés insuffisants. Au Sénégal, la mémoire de Thiaroye reste vive, mais elle est instrumentalisée, selon certains intellectuels, pour éviter une véritable introspection. Bien que l’historienne Armelle Mabon préconise qu’il faut absolument passer par la reconnaissance totale du massacre de Thiaroye au Sénégal, cette reconnaissance devrait être suivie des mesures politico-juridiques claires.
Au Cameroun, où la répression coloniale a été particulièrement sanglante, les archives concernant les massacres de l’UPC restent enfouies dans les fonds confidentiels de l’armée française. Selon le journaliste Thomas Deltombe, cette guerre secrète, qui a pourtant fait des dizaines de milliers de victimes, est passée inaperçue à l’époque où elle se déroulait et les traces qu’elle a laissées ont été méthodiquement effacées.

Reconnaissance et réparations : au-delà du symbolisme
Pour les familles des victimes, la reconnaissance n’est qu’un premier pas. La justice ne se limite pas à des excuses. Elle passe par des réparations concrètes : indemnisations, ouverture des archives, et enseignement de ces épisodes dans les programmes scolaires. Mais pour des intellectuels comme Mamadou Diouf : « Le massacre des tirailleurs est une histoire partagée, qui nourrit une pédagogie pour édifier les fondations de l’intégration africaine », a-t-il déclaré lors de la commémoration. La réparation, selon l’historien sénégalais, devrait donc aller au-delà de simples excuses et d’une reconnaissance d’un fait historique, mais de rompre avec des logiques néo-coloniales où la France maintient son influence sur les économies et politiques africaines.
L’Afrique, un nouveau théâtre de luttes d’influence
Alors que les pays africains cherchent à diversifier leurs partenariats en s’ouvrant à des puissances comme la Chine et la Russie, le massacre de Thiaroye et les répressions camerounaises offrent une leçon : le rejet du passé colonial ne peut réussir sans une souveraineté véritable. Des analystes comme Bakary Sambé, directeur du Timbuktu Institute de Dakar, reste tout de même prudent et s’interroge : « Est-ce que la Russie accorderait le même intérêt à l’Afrique si la guerre en Ukraine se terminait ? », est-elle une « vraie priorité stratégique » ou un intérêt conjoncturel lié à son bras de fer avec l’Occident ? » Même si la question de la pérennité de la collaboration de l’Afrique avec la Russie a lieu d’être, il n’en demeure pas moins que la Russie, tout comme la Chine, s’intéresse à l’Afrique bien avant la guerre en Ukraine.
Une bataille pour la dignité
À lire aussi : Belgique: l’Etat condamné pour le placement forcé d’enfants métis au Congo pendant la colonisation (cour d’appel)
Thiaroye, le Cameroun, Madagascar : ces épisodes ne sont pas que des pages sombres de l’histoire. Ils sont des miroirs qui reflètent les rapports de force actuels entre l’Afrique et ses anciens colonisateurs. Pour que la mémoire apaise les blessures, il faut une volonté politique et collective d’affronter ces vérités. Mais pour que l’histoire ne se répète pas, il faut aussi une transformation concrète profonde des relations internationales via la création d’un Tribunal Pénal International pour les Crimes Coloniaux (TPICC).
La création d’un tel tribunal pénal international serait un pas vers un nouvel ordre mondial : multipolaires, inclusif, avec des populations apaisées et des dirigeants en phase avec leurs principes moraux, idéologiques, politiques, et d’anciens colons, loin d’occulter, mais prêts à affronter et d’assumer leur passé colonial.
La reconnaissance des crimes coloniaux est un devoir. La justice, une obligation. La dignité des peuples, un impératif. Point Final.
N.B. : Le document de plaidoyer pour la création d’un « Tribunal Pénal International pour les Crimes Coloniaux (TPICC) est disponible sur simple demande à l’adresse e-mail suivante : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.